La Chine contemporaine : copie du Japon impérial ?

Claudine Pillonca
28 Juillet 2014



Si l'on prend le Japon et la Chine, outre le fait qu'ils fassent partie des grandes puissances asiatiques, on note certaines similitudes. Bien sûr il y a des similitudes linguistiques et culturelles. Cependant, au panthéon des ressemblances entre les deux géants, leur politique étrangère témoigne de caractéristiques communes qui ne sont pas de meilleure augure pour les pays avoisinants. La Chine, fière porteuse de son nouveau modèle de réussite économique semble suivre des tendances similaires au Japon impérialiste du début du XXème siècle.


Crédit DR
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Bien sûr toute politique étrangère commence par la réussite populaire de la doctrine d'Etat. Si l'on se penche sur le Japon de la première partie de l'ère Showa (1926-1945), on note le désir dévorant d'expansionnisme d'un Etat mené par les militaires de l'époque. La prétention occidentale liée aux colonies et à leur passé de « grande civilisation » avait conduit les Japonais à l'exclusion lors des négociations de Versailles qui clôturaient une guerre dont ils sortaient pourtant vainqueurs eux aussi. Humilié par les promesses faites par les puissances occidentales qui ne furent jamais tenues, le Japon décida de mener lui-même sa propre politique étrangère en boutant les Européens hors d'Asie.

Pour se faire, au même titre que l'avaient fait les Européens à leur époque, les Japonais ont mis au point une doctrine cautionnant leurs agissements sous couvert d'ouverture et de modernisation des nations alentours. C'est ainsi que naquit la Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale. C'est grâce à ce désir de « venir en aide aux pays asiatiques opprimés par l'Occident » que le Japon a pu endoctriner sa population et convaincre la communauté internationale de ne pas intervenir. En réalité bien sûr, comme les autres nations impérialistes, le Japon, seul pays industrialisé de la région, cherchait à exploiter les ressources des autres nations.

L'Empire Japonais au XXème siècle. Crédit DR
L'Empire Japonais au XXème siècle. Crédit DR
C'est pour cette raison que le Japon impérial commença son expansion en Mandchourie, région du Nord-Est de la Chine extrêmement fertile en minerais et autres ressources naturelles indispensables à l'industrialisation. A la tête de ce nouvel « Etat libre » fut placé un souverain fantasque pour faire bonne figure. Les pays furent ensuite pris les uns après les autres sans grande résistance étant donné leur manque de moyens techniques. 

On sait tous plus ou moins ce qui en a découlé. L'asservissement et l'exploitation des différentes nations dans le but ultime de posséder la grande Chine. Puis, après la récupération de toutes les colonies européennes de la région, le Japon, considérant les Etats-Unis comme la menace à abattre, attaqua Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Cela provoqua l'entrée en guerre des Etats-Unis qui finit par obtenir la reddition sans condition de l'empire du soleil levant en 1945. 

La Chine : entre politique de la Chine Unique et Doctrine Monroe Chinoise

En ce qui concerne la Chine, elle faisait à l'époque partie des pays maintenus sous le joug d'un voisin plus puissant. Considérant avoir subi une suite d'humiliations sans comparaison, la Chine s'est relevée avec le succès qu'on lui connaît. Du communisme maoïste de 1949 à la deuxième puissance mondiale qu'elle est aujourd'hui, la Chine a su se faire une place au sein des grands Etats de la communauté internationale. 

Elle a cependant toujours tenté de se venger des humiliations passées en se découvrant une vocation de leader des pays asiatiques. On parle de la doctrine Monroe chinoise en référence à la doctrine américaine de 1823 selon laquelle toute tentative colonialiste européenne en Amérique latine serait considérée comme une attaque personnelle aux Etats-Unis qui réagiraient en conséquence. Cette fois ci pourtant, le but n'est pas seulement de garder les grandes puissances hors de la région mais aussi d'attirer les Etats avoisinants sous sa coupe. 

Territoires disputés par la Chine. Crédit DR
Territoires disputés par la Chine. Crédit DR
Bien sûr, il n'est plus aussi « facile » d'attaquer un pays voisin et d'y installer un gouvernement fantoche mais il ne reste pourtant pas impossible d'attirer une nation dans ses filets par d'autres moyens. Hong Kong en est la parfaite illustration. Rétrocédée en 1997, elle fut peu à peu intégrée politiquement par la Chine qui la rendit dépendante économiquement tout comme elle le fit avec Macao rétrocédée deux ans plus tard. Ainsi, la Chine utilise des moyens actuels plus subtils pour parvenir à ses fins mais peut-être cela n'est-il que de courte durée. 

Quel futur ?

En effet, lorsque l'on voit l'absence de réaction radicale de la communauté internationale dans des événements comme ceux de Crimée, on peut se demander si la Chine sera vraiment menacée si un jour elle décidait de montrer sa puissance militaire et attaquer un pays voisin ? Y aura t-il qui que ce soit pour l'en empêcher ou le schéma de la Seconde Guerre mondiale se reproduira t-il avec la cession d'un territoire pour calmer l'appétit du monstre ? 

Sous couvert de sa politique de la Chine unique, elle a su garder sous son égide une île de Taïwan assoiffée d'indépendance et nous ne pouvons encore être sûrs de rien quant à l'avenir de la région. Il n'empêche cependant que Taïwan, les missiles pointés sur elle, ne peut que se méfier de l'évolution de la politique chinoise qui pourrait suivre sa voisine russe et passer à l'action. 

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1.Posté par Michael Lambert le 04/08/2014 18:52
Il semble important de préciser que l'annexion-rattachement de la Crimée s'est fait avec le soutien d'une importante partie de la population et dans une région avec une situation économique défavorable. Dans le cas de Taïwan, la population sur place ne soutien majoritairement pas la Chine (RPC) et l'économie y est prospère.
En ce sens, la problématique me semble un peu différente, d'autant plus que Taïwan est un État souverain. Tant qu'à pousser la comparaison, attaquer Taïwan reviendrait plutôt à attaquer l'Estonie pour la Russie. L'article n'en reste pas moins vraiment très intéressant et audacieux !

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